Née à Roanne, où elle a passée son enfance, Martine Chifflot-Comazzi vint habiter Lyon dès l’âge de onze ans, puis (par intermittences) Paris où elle soutint une thèse de Doctorat en Philosophie (Paris IV-Sorbonne). Elle réside désormais en Bourgogne du Sud où elle continue son œuvre artistique et philosophique.
Sa formation artistique, commencée dès l’enfance avec la danse, l’a vite orientée vers le théâtre (en tant que comédienne) avec Gérard Maré au TP8 de Lyon, puis Serge Pauthe à Valréas. Des études de dessin et de peinture menées parallèlement la disposaient aux arts visuels et, lorsque deux comédiennes lui demandèrent en 1983 de les diriger dans un spectacle sur l’amour qu’elles voulaient porter à la scène, elle se risqua dans l’aventure. Ce fut Faits d’amour, pièce en trois suites, dont elle écrivit une quinzaine de textes qu’elle entremêla à des citations de Racine, Gide, Proust, etc. La pièce connut un beau succès à Lyon-Scènes, devenu depuis l’Espace 44, et cette ovation scella une carrière de metteure en scène que rien n’interrompit depuis lors. Créant la Compagnie ARCthéâtre avec les comédiennes Annie-Claude Sauton et Martine Ramet, puis la Compagnie ARCANE 17, en Bourgogne, Martine Chifflot-Comazzi enrichit chaque année ses compagnies d’une ou plusieurs créations, explorant les subtiles ressources d’un expressionnisme minimaliste de plus en plus précis et rigoureux : Racine (Phèdre), Labiche (Edgar et sa bonne, Mon Isménie), Molière (Dom Juan), Calderon (La vie est un songe) seront revisités à partir d’une même ligne esthétique autour du thème de l’amour et du complexe oedipien. Des recherches et des pratiques menées en psychanalyse et en psychodrame avec un disciple du Docteur Arthus (psychanalyste jungien connu à Lyon dans les années soixante-dix) lui fournirent des voies d’accès nouvelles et percutantes pour la construction du personnage et l’improvisation.
Diverses créations à partir de sa propre œuvre poétique (Ville de Novembre sur la terre, Chants journaliers), des nouvelles du roumain Romulus Rusan (Saison de chasse, Le bain turc, etc.), de la littérature fantastique (Lovecraft, Stoker) et mystique (Saint Jean de La Croix, Sainte Marguerite Marie) donnent à son théâtre un caractère polymorphe et innovant.
Fidèle à son esthétique minimaliste, elle élabore toutefois dans les objets qu’elle privilégie et les « gestographies » qu’elle organise, une écriture symbolique révélatrice des œuvres présentées. Elle associe souvent musique et danse à ses mises en scène et promeut depuis 2004 un nouveau genre de théâtre musical qui souligne la beauté des textes choisis et compose des livres vivants aussi instructifs qu’agréables à entendre. Elle a créé, en 2003, le festival des Arts à la grange, devenu Festival de Bourgogne du Sud, en raison des tournées qu’il effectue au Sud du Sud de la Bourgogne, de Charlieu à Belleville, en passant par Charolles et Paray-Le-Monial. Ce festival, qui s’applique à s’inscrire dans le terroir et à mettre en valeur le patrimoine, offre, chaque année, aux villageois et aux touristes des spectacles originaux et des créations in situ dans le champ des arts visuels et sonores.
Elle organise, en cours d’année, les Rencontres Artistiques de Bourgogne qui présentent des spectacles de saison : nouvelles fantastiques ou poésie, en automne ; contes d’hiver et concerts de printemps, parallèlement à des tournées en Rhône-Alpes et en Auvergne.
Professeure de philosophie dans l’enseignement supérieur, elle poursuit par ailleurs une œuvre philosophique autour de questions liées à la métaphysique et à la religion.